...la briseuse de coeur...

C’était par une de ces chaudes et lourdes journées. Dans le village chacun vaquaient à ses occupations avec lenteur, la chaleur épuisante rendait le moindre effort, un enfer.
La place centrale était vide, son exposition très ensoleillée n’encourageait personne à y rester. Les tavernes étaient bondées, tout les villageois s’y étaient réfugiés y espérant trouver un minimum de fraîcheur. Les rares voyageurs ne se montraient pas plus, enfermés dans les auberges, attendant le soir pour sortir et profiter des merveilles de cette région et de sa brise nocturne.
Parmi certains qui se trouvaient sous ce soleil de plomb, une elfe marchait droit devant, d’un pas léger, comme si elle ne sentait pas les brûlures des rayons du soleil sur sa peau. Elle se dirigeait vers le lac, malgré que l’eau y soit claire et fraîche personne n’osait s’y aventurer. Le lac était profond et certaines légendes contaient que c’était la, la demeure d’une créature malfaisante. Mais cela ne dérangeait pas l’elfe, car voila, pour elle, les légendes n’étaient que des histoires que des nomades s’amusaient à raconter le soir autour du feu, sans aucune once de vérité.
Elle plongea dans l’eau turquoise, son corps glissa dans l’eau sans faire de remous, l’elfe nagea rapidement jusqu’à un rocher émergeant du centre de l’eau. Se hissant dessus elle s’étendit sur la roche brûlante.



Elle resta ainsi plusieurs heures sans avoir conscience du temps qui passait, sans se rendre compte que les ténèbres envahissaient peu à peu le lieu où elle se trouvait. Un léger souffle sur sa nuque lui fit reprendre ses esprits, l’elfe se redressa d’un coup, une ombre se tenait juste au dessus d’elle. Un long silence s’était installé, quand soudain sans le moindre signe apparent, l’ombre se jeta sur Morigan, l’agrippa et plongea, tout en tenant l’elfe, dans l’eau devenu noire et profonde.

Ils s’enfonçaient de plus en plus dans les abysses du lac, l’elfe ne pouvait retenir sa respiration plus longtemps, elle enfonça ses ongles dans la masse qui l’emmenait vers une mort certaine, l’ombre relâcha son étreinte, ce qui permit à Morigan de remonter à la surface.

Sa tête immergea de l’eau, et l’elfe put inspirer une immense bouffée d’air.

Elle nagea rapidement vers le bord, sentant derrière elle, l’ombre qui revenait et qui continuait de l’appeler. Sortant de l’eau aussi vite qu’elle le put, elle se dirigea vers le village. Avant même d’atteindre l’entrée du village, une silhouette s’interposa, l’empêchant de continuer son chemin.

Les yeux de l’elfe se baissèrent…comment pourrait-elle oublier ce qu’elle avait fait, et ce qu’elle avait été…

L’ombre s’était approché, prit son visage dans ses mains, le releva…il approcha sa figure de la sienne, un léger filet de vapeur verte se tissa entre ces 2 visages, à ce moment précis, les souvenirs de l’elfe ressurgirent…

Morigan recula subitement rompant le lien qui la tenait avec l’ombre.

L’ombre se mit à rire, d’un rire sec et cassant.

L’elfe soupira et prononça les paroles qu’il voulait entendre d’un soupir.

Tout en marchant, Morigan se répétait les instructions qu’on lui avait assené pendant des jours, lui répétant inlassablement les mêmes phrases.

Malgré tous les efforts qu’elle avait fait pour effacer toute trace de son passé, ces phrases restaient encrées en elle. Base de sa formation.
Arrivée au sommet d’une colline, elle aperçut au loin un village. Voila 3 jours qu’elle marchait, cela ne lui déplaisait pas de dormir à la belle étoile, de se nourrir de ce qu’elle trouvait, de se laver dans la rivière froide mais il y avait une chose dont elle avait besoin, la civilisation. L’elfe d’ordinaire solitaire fut étonné de sentir un manque en elle, un besoin de parler, de voir d’autres personnes, de les toucher, de les sentir….
La demoiselle arriva rapidement dans ce village, lieu de passage où les voyageurs s’arrêtaient pour quelques nuits avant de repartir pour de nombreux jours de marche.
Morigan repéra les différentes auberges, 7 en tout pour pouvoir contenir tous ces passants, elle se dirigea vers celle se trouvant le plus à l’extérieur. « Le Moulin hideux », l’intérieur était bondé, une odeur d’alcool et de viandes grillées emplissaient toute la pièce et accompagnés les rires des clients.

Une femme grande et mince au visage ridé par la fatigue et le travail se tenait devant elle un plateau dans une main, l’autre posée sur sa hanche.
Malgré l’attitude glacée que l’aubergiste dégageait, Morigan ressentit immédiatement de la sympathie pour cette femme.

Une fois l’échange terminait, la jeune elfe se dirigea vers la chambre s’arrêtant tout de même en haut de ses escaliers, de la, elle avait une vue d’ensemble des clients présents tandis qu’elle était cachée par l’obscurité de l’étage.
Ses yeux balayaient la totalité de la pièce, tel un chasseur cherchant sa proie, Morigan examinait chaque client présent dans l’auberge, et détournait son regard dès que la personne n’était pas intéressante. En quelques coups d’oeils elle vérifiait des signes quelconques de richesses et de fidélité. Elle repéra ainsi 2 humains et 1 felys, ayant tout 3 une bourse d’or bien remplie, et semblaient jeune.

Les proies étaient choisies, la prédatrice lâchée.

L’elfe se rendit dans la chambre, ouvrit les fenêtres pour laisser entrer l’air frais de la nuit, se pencha et inspira longuement. Elle venait de se rendre compte de ce qu’elle avait fait, en quelques minutes elle était redevenue celle de son passé, une personne sans remords et sans cœur. Les larmes lui montèrent aux yeux, non parce qu’en quelques minutes elle était redevenue celle qu’elle avait mis tant de temps à oublier, mais juste parce que redevenir une prédatrice lui avait plu.

Elle n’avait guère dormi cette nuit la, s’était levée très tôt, bien avant le soleil et avait attendu l’apparition des premiers rayons dans une grande bassine d’eau glacé.
Une fois vêtu, son regard se posa sur un miroir, voila une semaine qu’elle n’avait vu son reflet certes elle n’était pas du genre à se soucier de son physique mais quelque chose en elle lui glaça le sang…elle resta quelques secondes devant ce miroir, elle était restée la même exceptée son regard, elle savait ce que cela signifiait….

Dans les ruelles du village, les habitants étaient déjà dehors alors que les voyageurs se levaient à peine, dans peu de temps toutes les allées seront bondées, elle attendit ce moment, assise sur un muret d’où elle avait une meilleure vue.
La nuit lui avait porté conseil, elle avait enfin fait un choix. Le felys serait certainement trop méfiant, gagner sa confiance lui prendrait trop de temps…ce qu’elle n’avait pas. L’un des 2 humains était bizarre, il cachait quelque chose, un secret trop lourd à porter qui aurait ou gêner Morigan pendant sa chasse. Il n’en restait donc qu’un. Un prêtre d’ailleurs, qui semblait assez novice, mais il ferait l’affaire.
L’elfe le vit arriver, sa tunique traînait par terre et ramassait la poussière, ses cheveux bruns en batailles, ses yeux noisettes qui regardait dans le vide pouvait laissait croire qu’il n’avait aucun but précis.

A l’instant où il allait passer devant elle, celle-ci sauta du muret comme si de rien n’était et simula de se tordre la cheville au moment où ses pieds touchaient terre. L’elfe s’affala juste à ses pieds. Situation comique pour elle.

Elle regarda le prêtre et lui fit un grand sourire.
Celui-ci rougit légèrement et posa ses mains sur sa cheville.

Un souffle d’air chaud glissa sur son pied. L’humain l’aida à se relever, cette fois ci l’elfe resta debout, un sourire illumina son visage, elle regarda le prêtre droit dans les yeux.

Elle s’efforça de rire

Skixx se sentit gêné et ne put s’empêcher de sourire.

Le visage de l’elfe se figea, cette voix dans sa tête…c’était impossible, lui…après tant d’années, après ce qu’elle avait fait, il était toujours en vie. Incroyable.

Un fantôme…c’était à peu près ça…

La voix se tut, une plume noire tomba aux pieds de l’elfe, à l’instant ou elle toucha le sol, la plume se consuma.

Grâce à ce « malaise » Skixx passa le reste de la journée avec Morigan, il la raccompagna même le soir jusqu’à l’auberge prétendant que le soir venu, les ruelles n’étaient pas sures.

A ces remarques, la jeune fille ne put s’empêcher de rire, ce qui l’arrangea car Skixx venait de tenter une pointe d’humour.

Elle ouvrit la porte de l’auberge, s’apprêtant à entrer, lorsque l’humain décida de se lancer.

L’elfe lui tourna le dos, rentra dans l’auberge et avant que la porte ne se ferme complètement, sa voix lui parvenu.

Elle alla droit à sa chambre ne faisant pas attention aux clients, pour la plupart saoul, qui lui adressait ou non la parole. A peine franchit-elle le pas de la porte que la voix se refit entendre....

Morigan venait d’envoyer un oreiller directement vers l’origine de la voix, l’empêchant de terminer sa phrase, l’être l’avait reçu de plein fouet et s’écroula au sol.

L’elfe s’agenouilla, souleva l’oreiller laissant apparaître une masse noire, qui se releva….C’était une sorte de diablotin au visage d’ange qui contrastait avec le reste de son corps, il avait la peau noirâtre, des oreilles pointus tel un lutin, au bout de ces petites mains se trouvait des griffes acérées pour pouvoir s’accrocher au mur. Il esquissa un sourire montrant des canines pointus, le tout accompagné d’une magnifique paire d’ailes pourpres. Cette petite chose ne devait mesurer qu’une cinquantaine de centimètres, bien que paisible par nature cela n’en faisant pas moins un monstre redoutable. Il ne possédait ni vêtements, ni arme, la seule chose autre que sa propre peau était un pendentif en or blanc sur lequel son prénom était inscrit. « Elhyas »

Elhyas porta sa main à ce bijou précieux

La jeune fille sourit ravie de constater qu’après tant d’années, cet être n’avait pas changé, il était resté aussi sarcastique et sans gène que dans le passé.

Elhyas se redressa tout fier et bomba le torse.

Morigan leva les yeux au ciel et lâcha l’oreiller qui retomba sur le diablotin

L’elfe alla s’asseoir sur le rebord de l’unique fenêtre de sa chambre, en quelques jours, sa vie venait de prendre un tournant. Elle repensa à cette 1ère rencontre en contempla la lune croissante.

La jeune fille fut étonnée de ces paroles, Elhyas ne montrait jamais ce qu’il ressentait, jamais. Elle le prit alors dans ses bras, tel un enfant que l’on veut consoler après que celui-ci est fait un cauchemar.

Elhyas lui raconta les deux dernières années qui venaient de s’écouler, il lui rapporta tout ce qui avait changé depuis le départ de l’elfe.
La survie du chef et comment celui ci avait augmenter ses rangs en même temps qua sa haine. Les divers affrontements qui avait eu lieu…